L’une des organisations les plus infâmes et les plus brutales est l’Organisation du renseignement des pasdarans (encore appelée le Corps des gardiens de la révolution islamique ou IRGC). Elle a été créée en 2009 à l’initiative du guide suprême du régime, Ali Khamenei, après les protestations nationales contre la fraude électorale de l’époque.
Cette organisation est aussi puissante que le ministère du renseignement (MOIS) du régime, et peut-être même plus que les autres services. Elle est plus active sur le plan intérieur.
Avant 2009, la branche du renseignement des pasdarans comptait environ 2 000 personnes. Après 2009, le régime a développé cette division, qui est chargée de recueillir et d’analyser des informations dans le monde musulman au sens large et de cibler ses groupes et individus d’opposition. Cette division de sécurité au sein de l’IRGC rend compte directement au bureau personnel de Khamenei.
Cet article ne fait qu’examiner le rôle de l’organisation du renseignement de l’IRGC dans la suppression des journalistes et des militants sociaux. Au cours des premières années de ses activités, l’Organisation du renseignement des pasdarans a agi contre des militants religieux nationaux, tels qu’Ezzatollah Sahabi, et des membres du Mouvement pour la liberté de l’Iran, et les a supprimés. La deuxième vague d’attaques a visé des militants politiques et civils en 2002.
Au cours de cette année, un large éventail de militants politiques a été arrêté et emprisonné dans le quartier 2-Alef de la prison d’Evine, fortement contrôlée par les pasdarans. Des étudiants militants et des blogueurs figuraient également parmi les détenus. La troisième vague d’arrestations a eu lieu au moment des élections de 2009. Au cours des 15 dernières années, l’IRGC a continué à jouer son rôle d’une des principales organisations de répression.
En 2015, dans la lignée de l’élargissement des pouvoirs de l’organisation du renseignement des pasdarans, cette organisation a été introduite comme force de police judiciaire, en vertu de l’article 29 du code de procédure pénale, sans être approuvée par le parlement du régime.
La Commission judiciaire du Parlement a ensuite modifié l’article 190, qui stipule que « les enquêtes initiales sur l’accusé sans la présence d’un avocat ne sont pas valables ». Cette modification n’a pas non plus été approuvée par le Parlement. Elle est entrée en vigueur immédiatement. Cela a donné à cette organisation le champ libre pour mettre en œuvre ses ambitions inhumaines dans le but de protéger le régime.
Dans les années qui ont suivi la mise en œuvre de cette loi, de nombreux journalistes, militants sociaux et politiques et opposants au régime ont été arrêtés, torturés, emprisonnés, tués arbitrairement, portés disparus et même exécutés. L’une de ces victimes est Navid Afkari, qui a été exécuté à la suite des manifestations de 2019.
Le rôle de l’organisation du renseignement des pasdarans dans les meurtres de Kavus Seyed Emami, Mohammad Raji, Sina Qanbari et Vahid Heydari, dans l’exécution de prisonniers politiques, comme Zaniar Moradi, Loqman Moradi et Ramin Hossein Panahi, ou dans la torture d’Ali Younesi et d’Amir Hossein Moradi, est flagrant.
Cette organisation a également fait des descentes au domicile de nombreux reporters et journalistes, confisquant leurs biens, en particulier leurs appareils de communication, tels que leurs téléphones portables, leurs ordinateurs portables et leurs ordinateurs.
Des victimes telles que Yasman Khalegian, Maziar Khosravi, Mouloud Hajizadeh, Yaghma Fashkhami, Mona Mafi, Ehsan Badaghi, Yashar Soltani, Mohammad Mosaed, Shabnam Nezami font partie des journalistes pour lesquels l’organisation de renseignement de l’IRGC a joué un rôle majeur dans l’arrestation et la répression.
Ces dernières années, de nombreuses autres personnes ont été réprimées et torturées par les services du renseignement des pasdarans, notamment Arash Sadeghi, Sohail Arabi, Atena Daemi, Golrokh Iraei, Zainab Jalalian, Maryam Akbari Monfared, Hashem Khastar, Soha Mortezaei, ainsi que d’innombrables autres militants politiques, sociaux et économiques, le rôle des services du renseignement des pasdarans s’étant élargi en raison des protestations populaires.
Mohammad Reza Naqdi, le coordinateur adjoint de l’IRGC, a déclaré en 2019 : « Cela fait environ trois ans que les renseignements de l’IRGC ne sont plus en mode militaire. » À l’époque, cette reconnaissance a montré de nouvelles dimensions du rôle des pasdarans dans la suppression des militants politiques et sociaux.
Dans un document publié le 14 octobre 2022, Reporters sans frontières (RSF) a écrit qu’ »avec 41 journalistes en prison, l’Iran est désormais le troisième plus grand geôlier de journalistes au monde. »
Dans un article récent, ils ont déclaré que « depuis le début de 2023, les autorités ont jusqu’à présent arrêté huit journalistes et photographes en raison de leurs activités journalistiques. »
Source : INU