En 2023, l’Iran a connu une année de manifestations publiques incessantes, dans le prolongement du soulèvement national de l’année précédente.
Différents segments de la société, des retraités aux professionnels de la santé, sont descendus dans la rue pour exprimer leurs griefs à l’égard du régime. Ce mécontentement généralisé trouve son origine dans les difficultés économiques, la détérioration des conditions de vie et une demande profonde de justice et de réforme.
Les retraités ont constitué une force notable dans ces manifestations, avec 1 362 manifestations, et ont exprimé leurs frustrations concernant les salaires injustes, les salaires impayés et les mauvaises conditions de vie. L’épuisement de la sécurité sociale et des fonds de pension par les gouvernements successifs a amplifié leur demande de justice.
La main-d’œuvre du pays s’est également soulevée pour protester. À 592 reprises, les travailleurs iraniens, comme en témoigne un événement important survenu à l’usine d’Ahvaz du groupe industriel Iran National Steel (INSIG), ont réclamé la sécurité de l’emploi, des salaires équitables et des conditions de travail humaines. Leur protestation de huit jours contre le licenciement de 21 collègues s’est conclue par la réintégration de ces travailleurs et des concessions de la part de la direction de l’usine.
Les éducateurs et les étudiants se sont joints à ce tollé national, avec 141 manifestations d’enseignants et 56 manifestations d’étudiants. Leurs préoccupations allaient de l’empoisonnement des étudiantes à la privatisation des écoles et à l’emploi d’enseignants inexpérimentés. La participation d’élèves du secondaire à trois manifestations distinctes témoigne de la profondeur du mécontentement parmi les jeunes.
Le secteur de la santé n’a pas été épargné par cette agitation. Les infirmières et les médecins ont organisé 106 manifestations au total, mettant en lumière des problèmes tels que les licenciements, les mauvaises conditions de travail et les heures supplémentaires obligatoires. Les vendeurs du marché ont eux aussi exprimé leur mécontentement par 133 manifestations, portant sur des questions telles que les taxes exorbitantes, les hausses de loyer et l’instabilité des taux de change. Les manifestations ont dépassé les frontières professionnelles : agriculteurs, chauffeurs routiers, architectes, ingénieurs, boulangers, avocats et contribuables ont signalé collectivement 690 manifestations.
Ces manifestations étaient axées sur les difficultés économiques, la pauvreté et le mécontentement général à l’égard des politiques gouvernementales. En dépit d’un appareil de sécurité redoutable et d’un mépris systémique de la part des fonctionnaires, les Iraniens ont fait preuve d’une organisation et d’une persévérance remarquables. L’utilisation des médias sociaux à des fins de coordination a permis des rassemblements simultanés dans plusieurs villes, témoignant d’un objectif unifié.
Le soulèvement national de 2022, déclenché par la mort de Mahsa Amini, 22 ans, a catalysé les manifestations de 2023. Au total, 524 manifestations ont été directement liées à ce soulèvement, ce qui montre son impact durable.
Les préoccupations environnementales ont également occupé le devant de la scène. Une importante manifestation à Ardakan, qui a duré trois jours, a mis en évidence l’importance de la protection de l’environnement et la détermination du public à s’attaquer à ces problèmes.
Source : Stop Fundamentalism