09/11/2024 Dans une récente interview accordée à UN Web TV, Mai Sato, le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme en Iran, a exprimé de graves préoccupations au sujet du paysage des droits humains dans ce pays, en particulier les violations de la liberté d’expression et de réunion. Mme Sato a souligné que les autorités iraniennes restreignent systématiquement les droits de la société civile, utilisant souvent des accusations de sécurité nationale pour détenir des défenseurs des droits humains et des journalistes, dont beaucoup font face à des risques sanitaires en raison de l’accès limité aux soins médicaux en prison.
Menaces contre la société civile et la liberté de la presse
Mme Mai Sato a expliqué comment la société civile iranienne a été soumise à des pressions accrues, les défenseurs des droits humains et les journalistes étant fréquemment menacés, arrêtés et poursuivis en justice sur des accusations vagues liées à la sécurité. Une fois incarcérées, ces personnes sont souvent privées des soins de santé de base, une situation qui compromet davantage leur bien-être et souligne les conditions difficiles auxquelles font face les détenus à travers le pays.
Le recours à la peine capitale
Le recours généralisé à la peine de mort par le gouvernement iranien a également suscité de vives critiques. Citant l’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), Mme Sato a expliqué que cet article ne permet la peine de mort que pour les « crimes les plus graves », mais le Comité des droits de l’homme des Nations Unies interprète cette disposition comme s’appliquant uniquement aux cas de meurtre intentionnel. Cependant, les autorités judiciaires iraniennes invoquent souvent l’article 6 pour justifier des exécutions sur des accusations plus larges, ce qui conduit à un taux d’exécution alarmant.
Escalade des exécutions
Au cours de l’année écoulée, l’Iran a connu une augmentation significative du nombre d’exécutions, avec au moins 811 personnes exécutées entre octobre 2023 et octobre 2024, selon des sources de droits humains. Il est inquiétant de constater que ces chiffres comprennent quatre délinquants juvéniles. Les récentes vagues d’exécutions soulignent la gravité de la situation. Par exemple, le mercredi 6 novembre, 16 prisonniers ont été exécutés dans diverses prisons, dont celle de Qezel Hesar, où onze ont été identifiés par leur nom tandis que deux autres sont toujours non identifiés. En outre, des exécutions ont eu lieu dans d’autres villes, avec de multiples personnes mises à mort à Khorramabad, Ahar, Chiraz et Zanjan.
La veille, le 5 novembre, a été marquée par une autre série d’exécutions, avec 11 prisonniers pendus, dont six à Mashhad et un à Zahedan. Les noms de plusieurs de ces prisonniers exécutés ont été divulgués par les autorités, bien que des détails restent rares pour certaines victimes. Le samedi 2 novembre, trois hommes ont été exécutés à Ispahan, ce qui s’ajoute au nombre de victimes depuis que Massoud Pezeshkian a pris ses fonctions en juillet, avec au moins 438 exécutions enregistrées depuis sa nomination.
Réactions du Conseil national de la résistance iranienne
Maryam Rajavi, présidente élue du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), a condamné l’escalade des exécutions, les décrivant comme une tactique du leader suprême Ali Khamenei pour étouffer la dissidence publique et prévenir d’éventuels soulèvements. Rajavi a souligné que chaque exécution laisse des familles et des enfants dans le deuil, ce qui approfondit le cycle de la perte et du chagrin à travers le pays.
Dans sa déclaration, Mme Rajavi a fait valoir que le silence international et les politiques d’apaisement envers le régime iranien ne servent qu’à encourager de nouvelles violations des droits humains et des actes d’agression. Elle a appelé la communauté internationale à prendre des mesures décisives, affirmant que l’inaction diplomatique permet au gouvernement iranien de poursuivre ses pratiques brutales sans rendre compte. Maryam Rajavi a plaidé pour l’isolement du régime sur la scène mondiale et appelé à ce que ses dirigeants soient jugés pour des décennies de crimes contre l’humanité et de génocide.
Un appel à la responsabilité internationale
La hausse du nombre d’exécutions en Iran, combinée aux informations faisant état de persécutions et de répression, exige une attention internationale urgente. Alors que les appels à la responsabilité se font de plus en plus pressants, les défenseurs des droits humains exhortent la communauté internationale à prendre une action ferme et unifiée pour soutenir la société civile iranienne, condamner les pratiques du régime et plaider pour un système judiciaire qui respecte les droits fondamentaux de la personne.
Cette vague de répression et de violence dirigée par l’État contre les dissidents et les populations marginalisées affecte non seulement la vie des individus, mais représente également un défi important pour les principes fondamentaux des droits humains à l’échelle mondiale.
Source : INU