Lors d’une élection présidentielle hautement critiquée et contestée, Masoud Pezeshkian a été déclaré vainqueur, suscitant des inquiétudes importantes sur la censure d’Internet en Iran. Cette élection, largement considérée comme un simulacre, souligne l’engagement du régime à maintenir un contrôle strict sur la circulation de l’information et les libertés numériques.
Au cours des débats télévisés de la campagne, Masoud Pezeshkian et d’autres candidats ont ouvertement soutenu la poursuite et l’amélioration des restrictions sur Internet. MasoudPezeshkian lui-même a justifié les coupures d’Internet en affirmant : « Bien que nous soyons d’accord avec les restrictions d’Internet comme le reste du monde, nous devons nous assurer que les gens puissent gagner leur vie dans cet espace.
Ceux qui profitent de la vente de VPN devraient être sous contrôle gouvernemental; nous pouvons les taxer et les fermer chaque fois que nécessaire. Pourquoi devrions-nous filtrer Internet et ruiner la vie des gens? »
Malgré le ton édulcoré, les arguments fondamentaux de Masoud Pezeshkian s’alignent sur la pratique de longue date du régime consistant à utiliser le contrôle d’Internet comme un outil pour maintenir le pouvoir et réprimer la dissidence.
Saeed Jalili, un autre candidat, a fait écho à des sentiments similaires au cours de sa campagne. Il a fait valoir qu’Internet et l’espace virtuel sont étroitement liés à la vie réelle, offrant des possibilités importantes. Toutefois, M. Jalili a souligné la nécessité d’une réglementation, déclarant que « le gouvernement doit avoir un programme clair pour l’espace virtuel, en veillant à ce que la responsabilité dans ce domaine ne soit pas arbitraire, mais fondée sur la loi. » Les commentaires de Jalili reflètent un consensus plus large parmi les loyalistes du régime selon lequel la liberté sur Internet constitue une menace pour la sécurité nationale et doit être strictement réglementée.
La réalité de la censure d’Internet en Iran est sévère et omniprésente. Les rapports de diverses sources soulignent les efforts considérables du régime pour contrôler et limiter l’accès numérique. Selon des informations de l’Association de commerce électronique de Téhéran, la qualité d’Internet de l’Iran reste parmi les plus faibles au monde, les politiques restrictives nationales contribuant de manière significative à ce statut. Le rapport décrit l’Internet en Iran comme « perturbé, limité et lent », attribuant ces problèmes principalement au filtrage généralisé.
83,6 % des utilisateurs iraniens se fient aux VPN pour contourner la censure, l’utilisateur moyen passant quatre heures par jour à utiliser ces services. Cette utilisation généralisée des VPN souligne l’inefficacité des efforts de filtrage du régime, qui n’ont fait qu’augmenter la demande d’outils de contournement. Le rapport souligne également qu’après le blocage d’Instagram et de WhatsApp, l’utilisation des VPN a triplé en mars 2023, 64% des utilisateurs déclarant ne pas utiliser de VPN avant les manifestations de 2021.
De plus, le rapport de la Tehran Electronic Commerce Association souligne l’impact négatif du filtrage sur l’économie et la société. La censure d’Internet a non seulement entravé l’expérience utilisateur, mais a également réduit la productivité et l’efficacité des entreprises. La nécessité pour les entreprises d’utiliser des VPN pour accéder à des ressources et services externes a entraîné des coûts supplémentaires et des problèmes techniques, entravant encore la croissance économique et l’innovation technologique.
Un rapport de Iran Freedom met en lumière les tactiques du régime, notant que l’Iran a certaines des pratiques de censure d’Internet les plus sévères au monde. La Deutsche Welle a rapporté que l’Internet iranien se classe parmi les plus bas en termes d’accessibilité et de vitesse, pire que même la Chine à certains égards. La stratégie du régime consistant à bloquer les sites Web nationaux et internationaux a rendu les services gouvernementaux et bancaires critiques inaccessibles aux utilisateurs internationaux, isolant l’Iran de l’économie numérique mondiale.
Historiquement, les dirigeants iraniens ont systématiquement utilisé les fermetures d’Internet comme un outil pour réprimer les manifestations et contrôler le récit. Lors des manifestations généralisées de novembre 2019 et du soulèvement de 2022, le régime a considérablement intensifié ses efforts de filtrage. Les fermetures pendant ces manifestations s’inscrivaient dans une stratégie plus large visant à faire taire la dissidence et à empêcher la diffusion d’informations.
Malgré la sélection d’un nouveau président, Masoud Pezeshkian, les grandes décisions concernant la censure d’Internet restent entre les mains du Bureau du Guide suprême. Aucun président, quelle que soit sa position pendant la campagne, n’a jamais contesté les directives du Guide suprême de perturber ou de fermer Internet en période de troubles. Le contrôle centralisé garantit que l’approche du régime en matière de liberté sur Internet reste inchangée, en donnant la priorité à la suppression plutôt qu’au libre accès à l’information.
En conclusion, l’engagement indéfectible du régime à l’égard de la censure d’Internet est évident dans la récente élection présidentielle et les déclarations faites par les deux. Les restrictions sévères et les pratiques de filtrage ont des impacts négatifs importants sur l’économie et la société iraniennes.
Malgré la rhétorique de campagne suggérant des réformes possibles, le régime n’a pas l’intention ou la capacité de changer de cap sur les restrictions d’Internet. L’histoire a montré qu’aucun président n’a jamais refusé de perturber et de fermer Internet pendant les manifestations. Si le régime ouvre ou même améliore légèrement l’accès à Internet, la libre circulation de l’information qui en résultera ne fera qu’accroître la dissidence et pourrait potentiellement faire échouer le régime. Par conséquent, le régime est susceptible de doubler sa politique de censure actuelle, quelles que soient les promesses faites pendant la campagne électorale.
Source : INU