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Hossein-Ali Nayeri : Un héritage de répression et de massacres

05/04/2025 Le 3 avril 2025, Gholam-Hossein Mohseni-Eje’i, le président de la Cour suprême d’Iran, a annoncé la mort de Hossein-Ali Nayeri, un nom synonyme de répression, de brutalité et d’exécutions massives dans l’histoire contemporaine de l’Iran. Loin d’être une figure de la justice, Hossein-Ali Nayeri se distingue comme l’un des exécuteurs judiciaires les plus notoires de la République islamique. Son rôle central dans le massacre des prisonniers politiques en 1988 fait de lui l’un des principaux architectes de l’un des chapitres les plus sombres du bilan du régime en matière de violations des droits de l’homme.

Biographie et carrière judiciaire
Hossein-Ali Nayeri a commencé sa carrière judiciaire peu après la révolution islamique de 1979, après avoir étudié dans un séminaire religieux. Au cours des décennies suivantes, il a occupé plusieurs postes à responsabilité dans le système judiciaire iranien, notamment ceux de :

– Président de la Cour suprême de discipline des juges (2013-2025)
-Vice-président de la Cour suprême (1989-2013)
-Juge religieux et juge de première instance aux tribunaux révolutionnaires de Téhéran (début des années 1980-1989)
-Administrateur chargé de l’exécution des ordres de l’imam Khomeini (EIKO) – poste impliquant la confiscation systématique de biens sur ordre de Khomeini (1989-2000)
Crimes contre l’humanité : Le massacre de 1988
Le nom de Hossein-Ali Nayeri est surtout associé au rôle qu’il a joué à la tête du « Comité de la mort » lors des exécutions massives de prisonniers politiques au cours de l’été 1988. Ces tribunaux secrets, créés sur ordre de l’ayatollah Khomeini, fonctionnaient avec une efficacité qui faisait froid dans le dos. Les prisonniers étaient amenés devant le comité – généralement composé de Nayeri, Ebrahim Raisi, Mostafa Pourmohammadi et Morteza Eshraqi – et devaient répondre à une poignée de questions idéologiques. Sur la base de leurs réponses, nombre d’entre eux ont été immédiatement envoyés à la mort.

En l’espace de quelques semaines, en août et septembre 1988, des milliers de prisonniers politiques ont été exécutés – la grande majorité d’entre eux ayant déjà purgé leur peine ou étant détenus sans aucune nouvelle accusation. Leurs corps ont été jetés dans des fosses communes anonymes. La plupart des victimes étaient affiliées à l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI), ainsi qu’à des groupes gauchistes et communistes.

Témoignages et preuves audio
L’ayatollah Hossein-Ali Montazeri, successeur désigné de Khomeini à l’époque, a condamné les assassinats. Dans un enregistrement audio d’une réunion avec le Comité de la mort le 15 août 1988 – qui a ensuite été rendu public – Montazeri a qualifié le massacre de « plus grand crime de l’histoire de la République islamique » et a mis en garde Hossein-Ali Nayeri et ses collègues :

« À l’avenir, on se souviendra de vous comme de criminels ».

Cet enregistrement accablant a fourni des preuves irréfutables du rôle de premier plan joué par Hossein-Ali Nayeri dans les tueries, consolidant ainsi sa place dans l’appareil répressif du régime.

Impénitent jusqu’au bout
Plus de trente ans plus tard, Hossein-Ali Nayeri a rompu le silence, non pas pour exprimer des remords, mais pour défendre le massacre. Dans une interview accordée en 2022 au Centre des documents de la révolution islamique (IRDC), il a justifié les exécutions en déclarant : « Dans des circonstances aussi critiques, qu’est-ce qui a bien pu se passer ?

« Dans des circonstances aussi critiques, que pouvions-nous faire ? Nous devions rendre des verdicts décisifs… Nous ne pouvons pas diriger le pays en leur offrant des accolades et des baisers !

Il est allé plus loin en vilipendant les victimes et en affirmant qu’elles avaient « organisé des émeutes » et fomenté des complots à l’intérieur des prisons.

« S’il n’y avait pas eu l’esprit de décision de l’imam [Khomeini], nous n’aurions peut-être pas cette sécurité du tout », a-t-il ajouté.

Ces déclarations révèlent un homme totalement impénitent pour le rôle qu’il a joué dans l’un des massacres de prisonniers politiques les plus flagrants de l’histoire moderne – des massacres perpétrés sans procédure régulière, sans défense légale et sans appel.

Pas de justice, pas de clôture
Malgré la condamnation internationale et les appels à rendre des comptes, Hossein-Ali Nayeri a vécu ses dernières années dans une totale impunité, symbole de la culture profondément enracinée de la République islamique, qui ne rend pas compte des violations flagrantes des droits de l’homme. Pour les familles des victimes, la mort de Hossein-Ali Nayeri ne clôt aucun chapitre. La demande de justice demeure, ainsi que la mémoire de ceux qui ont été réduits au silence en 1988.