06/10/2025 Le décès de Somayeh Rashidi, une travailleuse détenue à la prison de Qarchak à Varamin, a une fois de plus mis en lumière le problème récurrent de la privation de soins médicaux dans les prisons iraniennes. L’examen des cas précédents montre que ces décès ne sont pas des événements exceptionnels, mais font partie d’un schéma systématique qui, depuis des décennies, enlève la vie à des prisonniers politiques.
Depuis leur création, les prisons du régime iranien ne servent pas seulement à appliquer les décisions de justice, mais sont également utilisées comme outils de contrôle social et de répression de la dissidence.
Les opposants politiques, les journalistes, les militants syndicaux et religieux, et même les citoyens ordinaires, simplement soupçonnés d’avoir participé à des manifestations ou condamnés pour d’autres motifs, sont détenus dans des prisons où les conditions dépassent largement la simple privation de liberté.
Dans ces prisons, la santé des détenus n’est pas seulement négligée, mais délibérément ignorée.
La privation de soins médicaux, dans le cadre d’une stratégie de répression, peut inclure des retards dans les transferts à l’hôpital, la confiscation des médicaments envoyés par les familles ou des restrictions d’accès aux spécialistes. Dans ces conditions, les prisonniers malades sont soumis à une « mort lente », ce que les organisations de défense des droits humains qualifient d’« exécution silencieuse ».
La privation de soins médicaux : une torture psychologique
Refuser aux prisonniers malades des soins médicaux adéquats dépasse la simple négligence ou les dysfonctionnements bureaucratiques. Les experts des Nations Unies en matière de droits humains considèrent cette pratique comme équivalente à la torture.
Parfois, les prisonniers doivent signer des engagements ou même faire des aveux télévisés pour obtenir l’autorisation de soins médicaux. Les familles envoient des médicaments, mais ceux-ci n’arrivent jamais au prisonnier ou arrivent avec de longs retards.
Cette situation expose les prisonniers à une mort lente. Ils s’affaiblissent chaque jour, et leur espoir de survie diminue. Dans de nombreux cas, lorsque l’autorisation de transfert à l’hôpital est enfin accordée, il est trop tard pour que le traitement soit efficace.
Réactions et absence de responsabilité du régime
Les familles des victimes ont protesté à plusieurs reprises, mais elles sont souvent confrontées à des menaces et à la pression des services de sécurité.
Des organisations internationales, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont publié de nombreuses déclarations, mais le régime iranien n’a jamais tenu aucun responsable judiciaire ou pénitentiaire pour responsable de ces décès.
Même dans des cas comme ceux de Sattar Beheshti ou de Behnam Mahjoubi, qui ont attiré l’attention internationale, les affaires ont finalement été classées sans suite et les responsables acquittés.
Somayeh Rashidi : la dernière victime
Le décès de Somayeh Rashidi, une travailleuse détenue à la prison de Qarchak, en est un exemple frappant. Elle a souffert de sa maladie pendant longtemps, mais les autorités pénitentiaires ont refusé de la transférer à temps à l’hôpital.
Ce n’est que lorsque son état s’est aggravé et qu’elle est tombée dans le coma qu’elle a été transférée.
Mais ce transfert tardif était inutile : le 25 septembre, son décès a été officiellement annoncé.
Les défenseurs des droits humains ont souligné que le décès de Rashidi n’était pas un simple « incident », mais un exemple flagrant de la politique de privation de soins médicaux.
Comme beaucoup le disent, elle a été victime d’une « mort lente et délibérée ». Le souvenir de Rashidi est rapidement devenu un symbole de plus de l’oppression structurelle dans les prisons iraniennes.
Au cours de l’année écoulée, environ 30 détenus sont décédés à la prison de Téhéran-Est faute de médecins et de matériel médical.
Ce chiffre est déjà choquant, mais l’examen des détails révèle la gravité de la situation.
Le quartier 5 de la prison de Téhéran-Est est particulièrement touché. La surpopulation, le manque d’espace et l’absence de services sociaux obligent de nombreux détenus à vivre dans des conditions inhumaines.
Certains n’ont même pas de lit et dorment par terre ou dans les couloirs.
Le service médical de la prison manque de matériel et de personnel médical qualifié, et tout transfert vers un hôpital extérieur nécessite une autorisation de sécurité, souvent refusée ou accordée avec un retard important.
Entre le 12 et le 25 septembre, au moins cinq autres détenus sont décédés dans différentes prisons, notamment à Qarchak (Varamin), Kachuei (Karaj) et Yazd.
Parmi ces victimes, quatre étaient des femmes, ce qui a de nouveau attiré l’attention sur la situation des femmes détenues.
Aucun organisme de contrôle indépendant n’existe pour les prisons. La culture de l’impunité prévaut : aucun gardien ni fonctionnaire n’a peur d’être poursuivi pour le décès d’un détenu, et la privation de soins médicaux est devenue un instrument de pression politique et d’intimidation.
Le décès d’un prisonnier politique n’est pas seulement une tragédie individuelle. Ces décès ont des conséquences plus larges pour la société.
Le régime instille la peur : même s’il ne tue pas directement, il peut condamner à une mort lente.
Ces décès sont le fruit d’un système où la privation de soins médicaux est un outil de répression. Pourtant, l’expérience montre que ces décès n’ont pas étouffé les voix de la dissidence, mais ont renforcé les symboles de résistance.