10/10/2025 En cette Journée mondiale contre la peine de mort, l’Iran apparaît comme une sinistre exception — transformant les exécutions en un outil de répression politique et de survie du régime.
Une journée mondiale, une tragédie nationale
Le 10 octobre, Journée mondiale contre la peine de mort, rappelle l’un des défis les plus urgents en matière de droits humains. Alors que la majorité des nations ont renoncé à ce châtiment, l’Iran continue de l’utiliser comme un instrument de terreur d’État — un moyen de préserver la domination d’un régime répressif.
À l’approche de cette journée mondiale, l’Iran attire l’attention du monde entier par une vague d’exécutions sans précédent. Selon Amnesty International, à la fin de 2024, plus de 145 pays avaient aboli ou cessé d’appliquer la peine capitale. Pourtant, la même année, l’Iran à lui seul a effectué plus de 60 % de toutes les exécutions recensées dans le monde — un renversement saisissant de la tendance mondiale vers l’abolition.
Alors que le reste du monde choisit la vie, les dirigeants iraniens ont opté pour la mort, la peur et la tyrannie.
Une année record d’exécutions
En 2025, la situation s’est encore aggravée. Les organisations internationales de défense des droits humains rapportent que plus de 1 000 personnes ont été exécutées en Iran au cours des neuf premiers mois de l’année, soit près du double du total enregistré en 2024.
Des sources proches de la Résistance iranienne avancent un chiffre encore plus élevé : au 6 octobre 2025, au moins 1 226 exécutions avaient eu lieu — soit une moyenne de cinq à six par jour. Depuis la nomination du gouvernement de Masoud Pezeshkian en juillet 2024, plus de 1 926 personnes ont été exécutées.
Le mois de septembre 2025 a marqué un sommet macabre : au moins 200 prisonniers, dont six femmes, ont été pendus — le chiffre mensuel le plus élevé depuis 36 ans. En comparaison, on comptait 84 exécutions en septembre 2024 et seulement 29 en 2023.
Ces chiffres révèlent une vérité glaçante : le régime iranien, confronté à des troubles sociaux et à une paralysie politique, a fait de la potence sa dernière ligne de défense.
La corde du pouvoir
En Iran, les exécutions ont cessé depuis longtemps d’être une mesure judiciaire. Elles sont devenues une arme politique — une démonstration de force d’un régime terrorisé par son propre peuple.
Chaque fois que sa survie est menacée, le régime se tourne vers la corde. De la massacre de 1988 des prisonniers politiques aux vagues d’exécutions qui ont suivi les révoltes récentes, la République islamique a toujours compté sur la mort pour réduire ses opposants au silence.
La flambée actuelle des exécutions est directement liée aux crises internes : la mort d’Ebrahim Raïssi en avril 2024, la désorganisation des Gardiens de la Révolution (les pasdarans), l’affaiblissement des forces supplétives à l’étranger, l’activation du mécanisme de retour des sanctions de l’ONU, et l’enlisement économique du pays.
Pour Ali Khamenei, les exécutions ne visent pas à appliquer la loi, mais à afficher sa puissance. Chaque pendaison envoie un message sanglant à une société qui n’a plus peur de lui.
Les exécutions politiques en hausse
Ces dernières semaines, le régime a intensifié la répression contre les prisonniers politiques.
Le 4 octobre 2025, six prisonniers politiques arabes ont été exécutés à la prison de Sepidar (Ahwaz), après sept ans de détention. Le même jour, Saman Mohammadi-Khiara a été exécuté à Ghezel Hesar après douze ans d’incarcération.
Parallèlement, la Cour suprême iranienne a confirmé la peine de mort de Mohammad Javad Vafaei-Sani, prisonnier politique et sympathisant de l’Organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI). Plus tôt cette année, Hamed Validi et Nima Shahi ont eux aussi été condamnés à mort après de terribles séances de torture.
Avec ces nouveaux cas, le nombre de prisonniers politiques dans le couloir de la mort dépasse désormais 17, un chiffre révélateur du désespoir du régime.
La peur d’une nation en ébullition
La recrudescence des exécutions est directement liée à la peur du régime face à une société explosive.
La montée d’une jeunesse contestataire, de femmes rebelles et d’hommes inspirés par les précédentes révoltes a profondément ébranlé le pouvoir.
Les activités croissantes des Unités de Résistance de l’OMPI à travers le pays ont semé la panique au sein du cercle rapproché de Khamenei.
La dépendance du régime aux exécutions traduit son isolement grandissant et sa décomposition interne.
Pour une dictature fondée sur la terreur, la potence est devenue à la fois une arme et une béquille — un moyen de retarder une chute inévitable.
« Nous ne marchandons pas nos vies »
Le courage des prisonniers politiques iraniens contraste avec la brutalité du régime.
La campagne « Non aux exécutions du mardi », lancée depuis une cellule de Ghezel Hesar, s’est étendue à 52 prisons à travers le pays et en est à sa 89e semaine consécutive — l’un des plus longs actes de résistance organisée de l’histoire carcérale iranienne.
Les lettres et déclarations de prisonniers politiques montrent que la machine de la peur est en panne : les détenus scandent désormais contre les exécutions, transformant la potence en symbole de résistance plutôt que de soumission.
Deux prisonniers politiques de l’OMPI, Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani, exécutés le 27 juillet 2025, ont laissé un message durable.
Malgré la torture, ils ont refusé de renier leurs convictions, déclarant :
« Nous ne marchandons pas nos vies. »
Leurs dernières paroles sont devenues un cri de ralliement, résonnant dans les prisons et les cercles de la résistance à travers tout le pays.
Un régime bâti sur la mort ne peut survivre
Le régime clérical a bâti son pouvoir sur les exécutions.
Mais l’histoire montre que la corde n’assure pas la survie — elle annonce la chute.
L’Iran d’aujourd’hui n’est plus celui des années 1980.
Chaque exécution alimente davantage la colère — des universités aux usines, des villes kurdes au Khouzistan, des prisons jusqu’aux rues.
Le cri contre les exécutions est devenu un cri pour le renversement du système théocratique tout entier.
Un gouvernement qui doit tuer pour régner est un gouvernement condamné à tomber.
Une responsabilité mondiale
La Journée mondiale contre la peine de mort doit être un moment de solidarité avec le peuple iranien.
Le monde doit reconnaître qu’en Iran, les exécutions ne sont pas des actes de justice, mais des instruments de terreur d’État.
Les cris des prisonniers, les larmes des familles de victimes et la détermination de ceux qui refusent de plier doivent résonner au-delà des frontières.
La fin des exécutions en Iran viendra — et avec elle, la fin de la dictature qui règne par la mort.
Le peuple iranien a déjà fait son choix : la vie, la liberté et la justice finiront par triompher.