My Blog

15e audience du procès Hamid Noury : la chambre à gaz de la prison d’Evine

Compte rendu de la 15e audience du procès Hamid Noury, impliqué dans le massacre de 1988 de 30.000 prisonniers politiques en Iran.

La 15e audience des accusations portées contre Hamid Noury, ancien juge et bourreau de la prison de Gohardacht à Karadj, s’est tenue le 14 septembre à Stockholm, en Suède.

Ramazan Fathi, ancien prisonnier politique et partisan des Moudjahidine du peuple (OMPI/MEK), a témoigné qu’Hamid Noury était l’un des trois individus qui emmenaient les condamnés sur le site des exécutions de masse depuis un endroit appelé le « couloir de la mort ».

Le témoin a déclaré : « Je dois vous dire que la période des exécutions ne s’est pas limitée à août 1988. J’ai été incarcéré dans de nombreuses prisons où des détenus étaient exécutés en masse. Noury n’a pas seulement participé aux exécutions à la prison de Gohardacht, il a également participé aux exécutions à la prison d’Evine. J’étais dans la salle 102 (d’Evine), c’était la salle des exécutions, je l’y ai vu plusieurs fois. »

« En août 1988, nous avons tous été emmenés au tribunal, et la plupart des prisonniers – la plupart étaient de l’OMPI – ont été exécutés (…) Des choses se sont passées avant les exécutions (…) comme la sélection des prisonniers, leur mise en isolement. »

« Jusqu’aux exécutions de 1988 à la prison de Gohardacht, je n’avais pas personnellement entendu ou vu d’exécutions. Les condamnés à perpétuité ont été emmenés à la prison d’Evine pour les mettre avec eux [les condamnés à mort] afin de les avoir sous la main et les exécuter rapidement quand ils le voudraient. En hiver 1987, ils ont commencé la classification dans les prisons. Ils ont transféré les condamnés à de lourdes peines dans une salle séparée et les condamnés à des peines légères dans d’autres salles.

« Dans le quartier 2, ils ont rassemblé des condamnés à des peines de plus de 10 ans. La plupart des harcèlements et des pressions ont été exercés dans notre quartier. Ils nous ont même pris le réchaud pour la cuisine. «

Chambre à gaz
M. Fathi a déclaré que Hamid Noury participait également au passage à tabac des prisonniers et les emmenait dans une « chambre à gaz » pour les punir. La « chambre à gaz » était une pièce sans fenêtre, dont la porte était colmatée avec des couvertures pour que l’air ne puisse y pénétrer. Enfermés pendant des heures, les prisonniers finissaient par perdre connaissance, manquant d’oxygène. Ils étaient ensuite sortis et quand il s reprenaient connaissance ils devaient passer par un tunnel formé par Noury et des pasdarans qui les battaient violemment à coups de câbles.

Dans la 15e audience du procès Hamid Noury, M. Fathi a raconté qu’il se souvenait de divers exemples de prisonniers emmenés à la section des services de renseignement pour y être interrogés. Ils voulaient savoir s’ils maintenaient leurs convictions ou non. Les responsables carcéraux leur avaient dit à plusieurs reprises que le temps était venu pour qu’ils lâchent une grenade dégoupillée dans chaque cellule. Fathi a assuré l’avoir entendu à maintes reprises.

Le témoin a poursuivi : « Le jeudi 7 août 1988, vers le coucher du soleil, ils ont appelé 10 prisonniers de notre quartier. Ils les ont emmenés au tribunal. Abbasi (Hamid Noury) était responsable du tribunal à ce moment-là. Ils leur ont demandé leur prénom, leur nom de famille et leur chef d’accusation, mais ces prisonniers étaient courageux et ont dit que leur chef d’accusation était d’être des Moudjahidine du peuple (OMPI).

« Nous étions en cellule, nous les avons attendus longtemps, et ils ne sont revenus vers 23h. Il était naturel qu’on interroge tous ceux qui revenaient des punitions ou de l’isolement. On voulait savoir les questions qui leur avaient été posées, ce qu’ils avaient dit et s’ils avaient été battus ou non ? On sentait la peur en eux. Ils ont confié que la commission de la mort leur avait dit : « Retournez dans votre prison, c’est nous qui viendrons vous chercher. » Ils nous ont pris notre télévision, ils nous ont coupé la promenade pour prendre l’air ; ils nous ont coupé nos journaux. Naturellement dans cette situation, une angoisse régnait dans la salle et les prisonniers se demandaient ce qui allait se passer faire.

« Le samedi 30 août, tôt dans la matinée, ils ont appelé les dix prisonniers qu’ils avaient pris le jeudi précédent. Environ une heure, une demi-heure plus tard, ils sont revenus et ont appelé deux prisonniers venant de Karadj. Ils les ont emmenés (…) Il semble que ce n’étaient pas les bons et quand les deux hommes sont revenus, ils ont dit que les prisonniers qui sont allés dans cette salle de la commission de la mort et qui en sont sortis ont reçu deux ou trois papiers, dont un qui était leur condamnation à mort et un autre pour écrire leur testament. »

Des camions de cordes
L’ancien prisonnier a expliqué à la 15e audience du procès Hamid Noury, qu’au début des exécutions en août 1988, il a vu des brouettes de cordes transportées jusqu’au hangar du site d’exécution, et il a également vu que les savates des prisonniers exécutés étaient évacuées avec les mêmes brouettes, et que les corps des exécutés étaient évacués la nuit. Ils étaient emmenés de la prison de Gohardacht en camions réfrigérés pour le transport de viande.

Il a également été témoin du fait que l’un des prisonniers Moudjahidine du peuple, Nasser Mansouri, avait été amené de l’hôpital de la prison vers la commission de la mort dirigé par Nayeri sur une civière. Nasser Mansouri avait tenté de se suicider en se défenestrant. Il avait survécu mais s’était rompu la moelle épinière. Il a été condamné à mort dans un procès minute et transporté sur un brancard vers le lieu d’exécution. Il a été exécuté.

Ramazan Fathi a témoigné avoir vu un autre prisonnier Moudjahidine du peuple condamné à mort du nom de Kaveh Nassara. Or il avait été pris d’une crise d’épilepsie dans le couloir de la mort et était à terre, incapable de marcher. Un autre Moudjahidine l’a relevé et placé sur son dos, et sont allés ensemble vers la salle des exécutions où ils ont été exécutés.

La prochaine audience du tribunal est prévue le jeudi 16 septembre. Le procès de Hamid Noury à Stockholm se poursuivra jusqu’en avril prochain.